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Domaine Chahut et prodiges, Coup de canon 2008

Un beau travail fait sur ce vin facile à boire.


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Domaine Hausherr

mardi 18 février 2014, par Laurent Baraou, Monsieur Septime

Comment un vigneron de tradition sait se renouveler et même surprendre avec des vins de table.

Quand l’une de ses cuvées de riesling a été refusée à l’agrément de l’AOC, Hubert Hausherr s’est remis en cause. Radicalement. À ses yeux, le monocépage alsacien, pur produit du marketing d’après-guerre, le conduisait dans une impasse. Il va revenir à un travail du vin plus traditionnel, un vin d’assemblage. Chez Hubert, on est vigneron de père en fils. Le grand-père était le président de la « coopé » du village depuis sa création. Hubert a appris le métier auprès de son père.

Durant les années 1980, la coopérative, qui avait sauvé le vignoble alsacien après les ravages de la guerre, perd sa vitalité. Révolu, le regroupement de producteurs solidaires où tout le monde se connaît : c’est désormais une grosse structure marchande axée sur la quantité au détriment de la qualité. La famille Hausherr aspire à un altervin, sans oser faire le premier pas. Hubert est « effaré » par les traitements que subissent parfois les vins, et surtout par la logique sans éthique dont ils relèvent. Sous l’impulsion de Heidi, son épouse, le projet prend forme : une conversion vers l’agriculture biologique et le monde des vins naturels. Le domaine historique sort de la coopérative fin 1999, avec un premier millésime l’année suivante.

Hubert a voulu donner un style dès la première cuvée – ça n’a pas vraiment marché. Il a récolté un raisin mûr et s’est mis en tête de le chaptaliser. « Cela n’avait aucun intérêt. On a chaptalisé pour le principe car l’oenologue nous avait dit de le faire. Je l’ai regretté vite car j’ai gonflé le vin en alcool, il était trop puissant sans que cela lui apporte quelque chose », analyse l’apprenti sorcier. Cette expérience le décide à ne plus intervenir en cave.

En deux millésimes, Hubert a trouvé son expression

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Heïdi Hausherr

Pour ne pas tasser les sols, il a commencé à travailler ses vignes avec un motoculteur auquel il accrochait la charrue, pour finir par acquérir un vrai cheval, Skippy, fin 2009, et renoncer à tout outillage mécanisé. La plupart des traitements de la vigne sont faits à la main. Le pressurage est effectué en douceur avec un pressoir manuel qui date du XIXe siècle. En deux millésimes, Hubert a trouvé son expression. De vendanges en vendanges, il diminue les doses de SO2, pour ne plus en ajouter qu’à la mise. Son gewurztraminer ne le satisfaisait pas : trop moelleux à son goût. Pour obtenir un nectar plus sec, il laisse aller le vin jusqu’au bout de sa fermentation, avec un élevage sur lie. Mis en bouteille en 2002, il se vend bien.

Les vins passent à chaque fois l’agrément de justesse. Sauf en 2005 : l’AOC est refusée. Il déclasse sa cuvée en Vin de table, mais la répression des fraudes l’entend d’une autre oreille car le vin est embouteillé dans une « bouteille Alsace », donc protégée. Ne restent que deux solutions : sortir le vin de la bouteille et l’embouteiller dans un autre contenant, ou détruire le lot. Il négocie, prouve sa bonne foi, marque en gros « vin de table » sur la bouteille. Les autorités ferment les yeux sur ses 1 500 bouteilles.

En 2009, presque toutes ses cuvées sont des assemblages, à l’exception de deux vins de terroir. Qu’importe ! un importateur japonais a trouvé les vins bien faits et la non-mention du cépage sur l’étiquette lui paraît secondaire. Le marché japonais se contrefiche de l’AOC et adopte tout de suite ces « vins de table ». Il absorbe chaque année près de 30 % des 16 000 bouteilles produites.

Hubert et Heidi sont des gens simples et humbles. « On a le temps de s’occuper de chaque plante. Je travaille avec Heidi. Quand on arrive au bout du rang, on discute du travail accompli et on reprend. On rentre le soir, on a une bonne fatigue. » Hubert est certain que l’avenir de l’agriculture passe par une amélioration qualitative pour obtenir des produits simples, bons et sains.

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Hubert Hausherr

Repères :

Domaine Hausherr
6b, rue Pasteur
68420 Eguisheim
Tél. : 03 89 23 40 67
contact@vinhausherr.fr
www.vinhausherr.fr

  • Surfaces : 4 hectares.
  • Cépages : Gewurztraminer, riesling, pinot gris, auxerrois, sylvaner et pinot noir.
  • Cuvées : Blancs : Sans prétention, Aussitôt bue ! (auxerrois, sylvaner, pinot gris), Sui generis (gewurztraminer sec), Sunngass (75% riesling, pinot gris, issus du même terroir), Sunngass et Altengarten (riesling), Grand cru Eichberg, Côtes d’Eguisheim (pinot gris). Rouge : Fronenberg rouge du 3e type (pinot noir). Cuvées de vins moelleux.
  • Prix : de 10 à 16,50 € (hors grains nobles).

Pour commander Le Guide de l’alter-vin :


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