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Domaine Chahut et prodiges, Coup de canon 2008

Un beau travail fait sur ce vin facile à boire.


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Isabelle Saporta est de retour, tous aux abris !

Amis bordelais ! Sortez vos casques et cachez vous derrière vos sacs de sable car Isabelle Saporta est de sorti. A la gatling, à bout de bras, elle tire dans tous les sens dans son nouvel opus, Vino Business à venir chez Albin Michel. Sa cible ? Vous l’aurez compris, le monde du vin. Son but : dénoncer ses tartufferies multiples.

Isabelle Saporta est journaliste ; en 2011 elle avait déjà commis « Le livre noir de l’agriculture » brulot qui s’intéressait à un système de production agricole qui marche sur la tête. Depuis elle officie sur Europe 1 où elle tient une chronique hebdomadaire. Isabelle Saporta, fille spirituelle de Jean-Pierre Coffe avec qui elle a collaboré sur France Inter, est une femme en colère refusant pour notre agriculture et notre alimentation un système de production fou dont l’aberration peut même devenir un enjeu sanitaire majeur. Elle s’offusque, rêve de transparence et veut dénoncer un système aberrant bâti sur le mensonge et source de danger pour l’homme.

Aujourd’hui son regard se tourne vers Bordeaux et la Champagne. Vino Business n’est que la partie visible de l’iceberg car le gros du travail est un documentaire qui sera diffusé sur France 3 courant 2014. Dix huit mois d’enquête journalistique dont le livre Vino Business est une émanation. Si dans un premier temps le livre peut sembler à charge, quelques Scuds sévères étant réservés à ses cibles. Un Scud pour Hubert de Boüard roi de l’arrangement entre amis à Saint Emilion, propriétaire d’Angelus et bidouilleur en chef du classement de Saint-Emilion. Un nouveau pour le classement de Saint-Emilion où avoir des places parking est un élément essentiel du classement. Un autre pour l’INAO qui est bien loin de défendre le consommateur et garantir la qualité des vins produits. Un autre pour les journalistes et critiques du vin qui ne pèsent rien devant l’avis de Robert Parker. Un autre encore pour le sérail bordelais, arrogant et vulgaire tant leur bêtise crasse et leur manque de discernement sont affligeants. Un autre pour le miroir aux alouettes chinois. Et un dernier pour la PAC qui distribue des subventions à des domaines vendant leurs bouteilles à 300€.

Donc si dans un premier temps le livre peut sembler à charge, Isabelle Saporta a mené un véritable travail d’enquête, allant toujours questionner les parties mises en cause, malheureusement peu répondront aux sollicitations interdisant tout débat contradictoire. Aidée du vigneron-paysan Dominique Techer de Gombaude-Guillot, du bad boy Jean-Luc Thunevin et de l’œnologue iconoclaste Stéphane Derenoncourt, Isabelle Saporta s’évertue à décrypter ces batailles de salon où les petits ont tout à perdre et les enjeux très souvent financiers dissimulés sous le voile pudique de l’hypocrisie bordelaise.

On peut remercier Isabelle de mettre en lumière les sans-grades, de faire connaitre le calvaire qu’on leur a fait vivre ; la famille Beaufort en Champagne à qui on reproche le passage en bio dans les années 70 et dont on raille l’enfer vécu par Jacques quand il est en contact avec des pesticides, Maris-Lys Bibeyran en Médoc dont on menace ses proches car elle se bat afin que l’on reconnaisse la maladie professionnelle de son frère mort d’un cancer, Aline Guichard à Pommerol dont Christian Mouiex attend la chute pour fondre sur ses terres quitte à la faire trébucher si besoin.

Morceaux choisis

Sur L’INAO. "« Les quelques mecs qui contrôlent le vignoble français depuis l’INAO, ce sont des grands féodaux , regrette Jean-Michel Deiss, vigneron alsacien amoureux du terroir. Il n’y a peut-être plus de geôles aujourd’hui, mais il y a des gens qui saignent. » (...) C’est donc dans ce cadre propice que s’est inscrit Hubert de Boüard pour créer son classement. Cet homme à la phénoménale capacité de travail, semble-t-il, est tout à la fois membre du comité régional de l’INAO, membre du Comité national de ce même organisme et, un détail, exploitant de son propre domaine. En clair, il contrôle Bordeaux au niveau local et a également la main au niveau national."

Sur la presse. "« Je ne sais même pas pourquoi ils viennent goûter , parce que le seul qui compte vraiment, c’est Parker. Alors les jérémiades de ces outsiders, leurs plaintes quant à la difficulté de tester tant de vins... Qu’ils ne le fassent pas ! Leur avis, on s’en fout » Cette sentence un peu lapidaire de Pascal Chatonnet, vigneron et œnologue, tout Bordeaux la partage. (...) « Ce sont des morts de faim qui, grâce à nous, vivent comme des milliardaires, pourquoi voudriez vous qu’ils mordent la main de ceux qui les nourrissent ? », ajoute, cruel et un rien méprisant ce grand winemaker (note : Franck Dubourdieu)."

Sur les pesticides. "Si toutes les régions sont épinglées, le Bordelais est effectivement celle qui apparaît comme la plus polluée, suivie par la Champagne, puis dans une moindre mesure la Bourgogne."

Sur les primeurs. « C’est un marché de cocus consentants, ironise Dominique Techer, le vigneron révolté du plateau de Pommerol. C’est un mensonge collectif. quand tu veux marier ta fille laide, t’as intérêt à l’arranger un peu. Alors tu la fais jolie. Une fois casée, tu découvres les faux seins. Le marché est intrinsèquement comme ça depuis le début. Le cocu, c’est le client final, c’est les gens qui lisent les notes et qui s’imaginent que ça reflète quelque chose. »

Ça dégomme à tout va. S’il est parfois difficile de comprendre quelle est la ligne directrice, il apparait que certaines réformes sont urgentes. Celle de l’INAO tout d’abord mais aussi celle de certains syndicats viticoles où la co-sanguinité est la garantie d’un contrôle absolu sur les vignerons et en dernier lieu une réforme de classements aux critères aberrants dont celui de Saint-Emilion est exemplaire par son absurdité.

Le livre n’est pas encore en librairie que cela couine déjà dans le landernau des experts bordelais. Rendez vous sur France 3 pour une soirée que l’on peut déjà imaginer rock’n’roll en prime time lors de la diffusion du documentaire en cours de finalisation.

Vino Business d’Isabelle Saporta. Ed Albin Michel, mars 2014. p254. 19€


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